Ergothérapeute en CLSC (Montréal): Santé mentale jeunes
Valérie Giaume, Ergothérapeute en CLSC à Montréal : Santé mentale jeunes
Quel est l’apport de ce modèle à votre pratique?
Depuis décembre 2015, j’adhère à plusieurs perspectives de ce modèle, que j’apprivoise peu à peu dans mon milieu de travail en CLSC. Je crois que ce modèle peut apporter un angle de vue très intéressant tant au niveau clinique, qu’avec des groupes d’individus, ou même encore avec des populations afin d’orienter des prises de décisions relatives à la promotion de la santé mentale. Cette approche s’intègre très bien dans le courant actuel du socioconstructivisme, dans lequel nous aidons le client à prendre lui-même les clés de son changement et de sa réussite.
Par ailleurs, j’aime beaucoup la notion d’expérience, qui permet d’aller au-delà de créer un lien ou avoir de l’empathie. Il y a l’expérience des clients (enfants, ados et parents pour moi) dans leurs activités de vie, et il y a aussi l’expérience vécue au sein même des thérapies. Cette expérience de thérapie est intimement liée à la notion d’activité signifiante, et je crois tellement à l’efficacité des séances lorsque l’intervenant peut rejoindre ces activités signifiantes! En fait, je pense que cette expérience est dynamique, c’est-à-dire que le client et l’intervenant sont tous les 2 responsables d’une bonne expérience, dans un environnement physique qui lui aussi a un rôle dans cette expérience. J’aimerais faire le parallèle avec les salles d’attente du réseau versus les salles d’attente des cliniques de pédiatrie sociales. Ex: une salle d’attente chaleureuse, avec une petite musique douce, une odeur de thé chaud permet-elle davantage de stimuler nos sens qu’une salle d’attente régulière? Des éléments favorisant une expérience optimale permettent, je pense, d’avoir des interventions plus efficaces auprès de la clientèle.
Pouvez-vous apporter un exemple de la manière dont vous avez intégré le modèle dans votre pratique?
Au niveau clinique, j’ai commencé à utiliser certains éléments du modèle pour enrichir mon évaluation qualitative de l’horaire occupationnel des clients. Avec les jeunes, j’ai l’habitude de dessiner un diagramme circulaire, que je nomme pizza du temps, pour me rendre compte de leur horaire occupationnel. La notion d’utilisation du temps dans le modèle Vivez bien votre vie permet d’enrichir les données recueillies. J’ai utilisé un code de couleur permettant de classer les activités écrites par le jeune dans la pizza du temps en fonction des éléments de l’utilisation du temps et de l’horaire de vie. Ceux-ci me permettent de mieux définir le client, au travers de ses occupations.
Au niveau des groupes de personnes, j’ai utilisé les données probantes du modèle pour promouvoir l’ergothérapie en santé mentale auprès de mes collègues. Plusieurs d’entre eux m’ont alors mentionné mieux comprendre le lien entre l’ergothérapie et l’activité, et donc, mon rôle au sein de l’équipe. J’ai par la suite reçu quelques références davantage ciblées sur des problématiques fonctionnelles. Par exemple, un jeune qui reste à la maison et qui ne fait pas d’activités en dehors de chez lui ou bien un enfant avec une dépendance aux écrans.
Par ailleurs, j’ai repris certaines notions du modèle dans la rédaction d’un dépliant sur la promotion de la santé mentale avec les jeunes. J’en finis actuellement la rédaction et j’apprécie l’accessibilité du modèle pour promouvoir la santé mentale au sein de populations.